Citations

Apprendre à dire non quoi qu'il en coûte. [...] Il faut rester debout, il ne faut pas se coucher devant les gens ni coucher avec. [...] C'est essentiel dans le métier artisique.

Entendu sur France Inter ce matin (12.6.09), de Juliette Gréco.

Seulement dans le métier artistique ?

samedi 31 mai 2008

Rouge

Vespa

Vespa

Bzzzz Red Vespa

vendredi 30 mai 2008

Margherita

C'est l'histoire de Margherita. Margherita était une de deux filles, les héritières du clan "des Colonels" - chaque famille portait un surnom dans la vallée. Les deux soeurs reçurent une éducation universitaire, du jamais vu dans les premières années après guerre, et Margherita devint pharmacienne pendant que l'aînée faisait ses lettres.

Le magasin de Margherita était le plus beau du village. Tout en bois, il sentait bon les bonbons Ziguli à l'orange que je me faisais régulièrement offrir.

Pharmacy

Je m'assayais sur le banc du fond, sous la fenêtre donnant sur la rue, pendant que ma mère achetait du coton hydrophile et de l'alcool.

Une fois, nous entrions sans rien acheter. A la sortie Margherita nous arrêta et fit payer 10,000 lires d'amende. "Les Colonels" étaient hommes et femmes d'affaires...

dimanche 25 mai 2008

Daniela

C'est l'histoire de Suor Daniela. Daniela était fille de famille à Novara, de parents protestants qui la poussaient aux meilleures études et aux plus hautes ambitions. Je ne sais comment l'Appel l'en détourna pour lui faire intégrer, soudainement convertie au catholiciscme, les ordres salésiens.

Baroque door

Elle avait la petite quarantaine lorsque je l'ai connue. Brillante, encore jolie, par sa nature passionnée, chaleureuse et sans compromis - serait-elle devenue fanatique ou martyre dans d'autres temps - elle commençait à buter contre la petitesse de la robe et les étroits couloirs du couvent. Comment s'en étonner, alors qu'elle avait le tempérament de s'offrir des directions d'entreprise et des maris et des amants.

Daniela réagissait en prenant à bras-le-corps sa mission - punition ? - d'éduquer de grandes étudiantes incroyantes; alors que nous, nous la côtoyons forcées et contraintes dans les murs du pensionnat milanais où les chambres étaient à bon prix. Dans ses moments de frustration elle s'évadait en nous lisant les cartes, ou bien elle préparait des horoscopes élaborés que nous discutions dans la petite salle commune - dans des relents de cuisine, assises sur des canapés usés au rebut.

C'était peut-être le plaisir de contrevenir aux directions de la Maison, qui n'approuvait pas ces pratiques païennes : Nous avons pris du bon temps dans cette salle.

samedi 24 mai 2008

vendredi 23 mai 2008

Orange

Resto Orange

Paris 15

Wai In

Bateaux mouches

CAFEFUSION

Butte aux cailles

jeudi 22 mai 2008

Sombrer

Leiris 4

mercredi 21 mai 2008

Homo faber

Leiris 3

mardi 20 mai 2008

A rebours

Homme

lundi 19 mai 2008

Leurre apparent

Leiris 2

Vanités des vanités

Leiris 1

dimanche 18 mai 2008

Les voisines qu'on ne souhaite pas

C'est Piera, je ne la voyais qu'au petit commerce d'en bas, pour acheter le lait et le pain.

shop closure

Hâve, le teint gris, la tignasse teinte en pourpre, elle vivait de ses charmes dans mon immeuble. Ses quatre enfants, puis trois, lorsqu'un accident de route emporta le cadet, étaient à l'école avec moi. Son mari contrebandier, qui l'avait épousée jeune adolescente, était mort dans un crash de camion, la nuit.

Piera faisait tache dans le voisinage bienséant du village. Un mélange de compassion et de dégoût faisait que tout le monde aidait un peu la famille, mais aussi que chacun se protégeait et se tenait à l'écart. Mille fois ma mère maudissait ce trafic de clients louches qui lui faisaient peur, pour ses propres enfants, mais quand même elle montait parfois avec un gros panier de bonnes choses en cadeau. C'était leur Noël. Ainsi des motions pour faire déménager Piera se heurtèrent toujours au sentiment de pitié pour les gamins.

C'est ce voisinage inquiétant qui m'a imposé une discipline extrême dans mes sorties, et qui a fermé à double tour la porte de mon appartement d'enfant face aux camarades de classe. Ce n'était pas sans raison, puisque les garçons de Piera ont mal tourné, qu'ils ont fait de la prison et sont devenus violents. La fille aurait été agressée chez elle encore enfant, avant d'être éloignée auprès d'une tante à Milan.

Il m'en reste un grumeau de peur aux tripes, qui remonte parfois, au tournant d'un palier, dans la rue, ou dans des cauchemars de mort. Très vite, la conscience que tout homme peut être un danger.

J'entends dire qu'au moins un des fils s'en est sorti, aujourd'hui. Il serait dans la compétition automobile. Je m'en réjouis.

samedi 17 mai 2008

Balbo

C'est l'histoire de Balbo, meilleur ami de mon père. Balbo était né à Albany, dans l'état de New York, de deux ouvriers italiens. Rentré en Italie avec les parents, il fit des études de médecine dans la belle ville padane de Pavie, enfuie dans le brouillard, puis repartit en hâte aux Etats-Unis pour éviter le service militaire. Boston, New York, Atlanta, et enfin Buffalo furent les étapes d'une confortable carrière de cardiologue.

Je l'ai connu quand, à quatorze ans, il m'invita avec mon frère à la découverte de l'Amérique. Il habitait sa belle maison d'été sur le Lac Erie, une folie qu'il ne put se permettre longtemps, énorme bâtisse en bois dans des hectares de verdure. Il y avait une belle véranda au carrelage ocre, un salon immense aux meubles blancs et ouvrant par des bowindows sur la pelouse, côté lac. Nous dégustions, dans la petite salle à manger, des soupes de betterave que la seconde épouse de Balbo, hongroise, nous préparait, le soleil du soir baignant le décor toujours blanc de lumière orange. A côté, la salle de la télévision, et à l'étage, nos chambres à coucher, chacune dotée de sa salle de bains.

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Hall d'Hôtel, à Atlanta

Balbo était heureux comme un enfant de pouvoir parler italien avec nous. Rentrant plus tôt que d'habitude de son travail, il nous offrait des San Pellegrino Bitter rouges et nous sortions faire de longues marches dans le couchant. "Ma guarda", soit "vois-tu", répétait-il souvent dans ses longues confessions d'émigré nostalgique.

mardi 13 mai 2008

Escaliers noir et blanc

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Canal Saint-Martin, Paris

Roche Guyon 18

La Roche-Guyon

escalier

Saint-Malo

escalier

Porte de Versailles, Paris

lundi 12 mai 2008

Monstres - 2

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Malesherbes, Paris

Laughing

Sains-Suaveur, Dinan

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Porte de Champerret, Paris

dimanche 11 mai 2008

Chien qui mord

C'est l'histoire d'Inès. Inès était comme un chien battu, qui mord la main qui le caresse.

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Chien chassant au château de Breteuil

Fille cadette d'une famille nombreuse et riche, elle grandit dans l'ombre des garçons du bel appartement bourgeois, Bd Saint Germain. Comme son père l'avait appris en Algérie: les hommes à la ville, les femmes à la cuisine - les études pendant le temps libre, s'il y en avait.
Le jour où néanmoins Inès passa brillamment son concours d'admission aux Grandes Ecoles, ratant d'une place seulement Politechnique, sa mère la gifla de colère d'avoir ainsi humilié ses frères - plus ternes.

Inès partit à l'étranger avec le premier mari disponible, travailla, divorça en secret, rentra, se cacha. Mélange d'intelligence vive et de colère rentrée, elle restait d'approche dangereuse. Il m'est arrivé de l'effleurer, je crois, et mal m'en fut.

Où mène-t-elle ses pas furieux, aujourd'hui ?

samedi 10 mai 2008

Die Szene

C'est l'histoire de Philippe. Philippe était né à Poitiers dans une famille de fonctionnaires, enfants de militaires. Les premières années écoulées dans un confort douillet, entre ville et bord de mer, trouvèrent une fin en deux deuils répétés, la soeur adolescente, puis la mère. Une cassure que la naissance du petit frère compensatoire Thibaut, favori de son père, vint sanctionner.

J'ai connu Philippe à Munich, ville qui toujours attire les homosexuels par le biais du mythe Ludwig - me disait-il. Il fréquentait die Szene, soit le milieu gay, et y avait trouvé une paix relative. En rupture avec sa province natale, il brûlait ses nuits. Philippe s'entourait aussi de femmes amies, qu'il séduisait en frère prévenant, et dont il devenait ensuite pourri jaloux.

Philippe a été un de mes compagnons de balade et de soirée aux charmants cafés munichois.

Café2

Café dans le Marais

Nous étions une bande d'amis solidaires de tous les pays. Le temps de quelques saisons et la bande s'est dispersée aux quatre coins du monde.

Philippe habite toujours Munich. Il ne nous a pas pardonné notre départ, je crois, et s'est isolé dans son petit studio de l'ouest de la ville.

jeudi 8 mai 2008

J'accuse

Aurore 0

Aurore 1

Aurore 3

Aurore 7

Aurore 4

Aurore 5

Aurore 6

dimanche 4 mai 2008

Au Jardin des Plantes

Le Jardin des Plantes était la limite de mon Paris, lorsque j'habitais le 13 et mes balades butaient sur les quais de la Seine. Face à la toujours élégante Gare d'Austerlitz, les rues donnaient le pas à l'air et à l'eau de la rivière.

AUSTERLITZ


Quartier curieusement paresseux envahi par les familles au printemps, je me joignais au flux pour profiter de la floraison.

manège

pavot


J'aimais le côté suranné des serres et l'esprit positiviste des scientifiques qui y ont laissé leur trace. Un petit air de Londres, où Buffon aurait remplacé Darwin.

greenhouse

buffon


Longtemps je ne m'aventurais pas, pourtant, au sein du musée. Pour les enfants, me disais-je. Il fallut une visite de la famille pour que, tous ensemble, nous prenions nos tickets et accédions à l'intérieur.

roof

roof

roof

Une des plus belles architectures de Paris en verre et fer nous enveloppait de rose, de vert et de bleu...

vendredi 2 mai 2008

BAZAR au village

C'était une quincaillerie de village comme il y en a tant, mais son propriétaire Bernardo l'avait baptisée BAZAR. Aux teintes brunes de ma petite enfance - je me souviens y avoir fait acheter une petite canne de marche à la poignée couleur cuivre - une devanture verte suivit dans les années quatre-vingt. Le nom BAZAR y était écrit en grandes lettres bleues après un énorme B rouge. B, comme Bernardo, petit homme rond, chauve, éternellement coiffé d'un Borsalino en feutre calé bien en arrière sur la tête.

Bazar 1

Bernardo avait deux enfants, dont Ferruccio, la première trompette de l'harmonie municipale. Ferruccio prit la succession de Bernardo au magasin et en fit une grande quincaillerie moderne. J'ose à peine y entrer à présent, les portes automatiques glissent en s'ouvrant sur moi et un énorme comptoir en zinc m'intimide à l'entrée.

Bazar 2

J'ai retrouvé à Istanbul le petit commerce dans le vrai BAZAAR. Avec deux A, l'original. Des tas de petits Bernardo attendent aux aguets devant la porte de leur bijouterie ou de leur friperie, aimables sans trop insister, sur un sol lisse et impeccable. Les portes sont ouvertes en permanence, pas besoin d'automatismes ou de clim'. Les propriétaires s'assoient devant la vitrine sur un petit tabouret et parlent à leurs voisins et aux chalands.

Bazar 3

Bazar 4

L' a-t-il jamais visité, le BAZAAR, Bernardo ?