Cécile
Cécile était religieuse et nous servait le repas au pensionnat de Milan.
Nous étions étudiantes, incroyantes et affamées ces soirs noirs de la semaine. Les prix raisonnables des chambres nous retenaient dans ce nid pieux et froid.
Très belle femme, même quinquagénaire, elle portait une grande ceinture en cuir sur son habit de nonne. Cela faisait jaser, ainsi que la mèche qu'elle laissait dépasser - à peine - du voile.
Cécile avait passé l'essentiel de sa vie adulte à Alexandrie en Egypte. Elle nous racontait ses souvenirs dans les petites rues de la mégalopole, les visites aux pauvres, la conduite d'une petite voiture dans le trafic surhumain, les contacts avec les autres communautés et ethnies... Elle était partie là-bas sur les traces d'un frère aîné, mort avant sa naissance en odeur de sainteté.
Cécile était malheureuse parmi ses soeurs bornées qui n'avaient pas quitté le carré milanais. Je l'aimais bien, mes camarades la détestaient - Dieu sait pourquoi.
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