Mère Jane des Malheureux
C'est l'histoire de Jane. Jane - c'est bien comme-ça, à l'anglaise - est la mère de mon amie Rose. Elle a eu une enfance triste, auprès d'un père horrible de dureté après la mort précoce de son épouse - mort survenue par le tétanos, premier malheur curieux d'une série improbable.
Jane est restée trois ans chez papa après ce décès regrettable. Au bout de trois ans, une dispute sur l'achat non autorisé d'une robe - la deuxième, pour avoir le change sur la seule et unique - et Jane s'est retrouvée à la porte. Même pas majeure, elle n'avait que dix-huit ans, en 1949. Oliver Twist en Île-de-France.
Pendant les dix ans suivants, Jane a vu ses jeunes frères et soeurs quitter la maison comme elle, jusqu'à Gabriel et Joséphine, les petits derniers. Fratrie de huit, tous ont été solidaires entre eux et se sont forgé une sympathie inébranlable pour tous les malheureux du monde.
Chapelle de la Pitié-Salpêtrière
J'ai connu Jane entourée de deux dépressives aiguës,d'une mère d'enfant imbécile, et d'une femme battue. J'en oublierais presque son amie aveugle. Jane vous accueille en disant : Sais-tu qui a été enterré la semaine dernière ? Ou encore : Le pauvre! La pauvre! Ils n'ont pas la vie facile! Quelle brave personne!
Avec cela, la vie de Jane a été belle et bonne. Recueillie par un chirurgien communiste et philanthrope - le chirurgien de Staline, dit-on - en quittant sa maison paternelle, elle a fait de bonnes études d'infirmière avec des filles de famille et a elle-même marié un brillant médecin. Étranger. Dans un confort matériel croissant, elle a eu trois enfants - dont Rose - qui ont tous "bien fait" dans la vie. Elle passe son temps de superbe appartement dans les Alpes en joli appartement sur la Riviera. Sa santé l'a rarement lâchée et elle approche les 80 ans, que je lui souhaite vivement d'atteindre et de dépasser dans l'amour des ses petits enfants.
Mais Jane reste la mère de tous les malheureux, infirmière, amie compatissante, dévouée aux victimes des douleurs de ce monde.
1 commentaire:
Tiens, tiens,c'est près de chez moi!Je traverse très souvent le jardin de la Salpê pour rejoindre les quais...
Une bien belle leçon d'humanisme que nous donne cette dame.;-)
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