Citations

Apprendre à dire non quoi qu'il en coûte. [...] Il faut rester debout, il ne faut pas se coucher devant les gens ni coucher avec. [...] C'est essentiel dans le métier artisique.

Entendu sur France Inter ce matin (12.6.09), de Juliette Gréco.

Seulement dans le métier artistique ?

dimanche 17 août 2008

Sélection du Louvre - 2


Madame Molé-Reymond. Portrait d'Elisabeth Vigée Le Brun, au Louvre.

Vigée Le Brun ne m'était qu'un vague souvenir d'école, quelque part entre Marie Antoinette et l'Ancien Régime. C'est au Louvre que la rencontre s'est faite avec ses portraits fins et vifs et l'envie est venue de plus en savoir.

Sa vie romanesque est étonnante, très loin de ce qu'on s'imagine d'un roturière rangée au dix-huitième siècle. C'est l'histoire d'une enfant surdouée qui dessine partout et tout le temps, qui par son art se hisse dans les milieux exclusifs des cercles parisiens et qui se lie de vraie amitiés avec ces nobles dames et messieurs. A la Révolution, elle s'en va et continue de gagner sa vie de ses pinceaux à l'étranger. C'est encore le destin d'une très belle femme déçue de son mari coureur et qui s'enfuie avec sa fille, la prunelle de ses yeux. Ses mémoires ne sont hélas plus disponibles sur Amazon.

C'est ce portrait de comédienne légère qui s'est imposé, entouré de toiles plus ternes d'autres auteurs.

La femme galante pose comme on joue sur scène, elle a le mouvement d'un pas de danse qui l'emporterait vers la gauche du cadre. Nous avons revu des portraits mouvants chez Avedon, ce siècle-ci - et cette année au Jeu de Paume. L'espièglerie de la dame est ornée d'une tenue simple et droite, qui tient des bergères des dernières années de l'Ancien Régime; mais cette bergère est enrobée de toiles fines de bleu et de mauve, les mains serrées dans une luxueuse et vaporeuse fourrure. Des rubans volettent tout autour.

Les nuances pastel sur le fond gris, de bon ton en ces temps raffinés, ont une extraordinaire légèreté et relèvent le visage rose et enjoué de la séductrice. Celle-ci a le sourire faussement ingénu d'une dame qui en sait long; elle devait être ravie de poser devant la star du portrait et donne l'impression de s'amuser, entre femmes.

C'est la liberté qu'elle dégage qui m'étonne, et qui résonne avec ce que la peintre écrira plus tard, après la révolution, l'émigration, et Napoléon : Dans l'Ancien Régime, les femmes étaient reines.


1 commentaire:

Didier Goux a dit…

Je me souviens d'un portrait de Vigée-Lebrun, à l'Accademia de Venise, devant lequel j'étais resté scotché (comme on dit de nos jours) de longues minutes. Une carnation crémeuse, resplendissante, lumineuse...